Les bancs

Christian BALLAND

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Place Alex Ouillac - 1.7 - Paysage encadré datéLes bancs traduisaient le besoin, surtout les soirs d’été, de se reposer en conversant, d’oublier les tracas de la journée écoulée, de parler politique et, pourquoi-pas, de dire du mal du voisin! C’est de bonne guerre puisque le voisin en faisait autant. Nous sommes à la campagne que diable, il ne faudrait pas l’oublier! On n’en compte pas moins d’une douzaine sur la place publique (Ph. ci-dessus), bien abrités des platanes centenaires. En bout de place, un confrère de fer et de bois accueillait ces dames couseuses ou curieuses (Ph. ci-dessous de g. à dr.: Marie-Henriette FABRE, Andrée BALLAND et son fils Christian).

Place Alex Ouillac - Banc 3 - Henriette et Dédée - 1957

Ils sont les vedettes des cartes postales des années 1960:

  • Rue du Crucifix (ci-dessous g., devant chez Marie AUTIÉ
  • Chemin du Rival (centre) devant la cabine téléphonique tenue alors par madame SICILIA
  • Route de Pompertuzat, devant le bureau de tabac LOUPIAC (dr.). On aperçoit sur cette dernière, les parapets du pont à l’entrée de l’école qui n’étaient pas en reste d’occupants

Deyme, c[1].p. 1962, rue du CrucifixCarte postale ancienne - La cabine téléphonique 1962 env.Bureau tabac LOUPIACCrucifix - Coll. P. Poutineau

Quand il n’y avait pas assez de place entre la porte et la fenêtre pour en loger un, l’habitant sortait une ou plusieurs chaises! Il y avait toujours la « sirène » au paillage tentateur.  Rien ne freinait  l’appel lancé après dîner par l’odeur des foins, de l’herbe et par le bruissement du feuillage dans le vent et du silence favorable à la méditation. Le zigzag de la pipistrelle donnait le la. Même les bords de la mare ou du collecteur des eaux, usées comme pluviales, au carrefour des routes de Montbrun et de Corronsac, étaient occupés.

Ecole de la rue de La Croix de Talou - 2Une belle pierre calcaire ouvragée près du portail du Major et deux autres maçonnées devant chez monsieur l’adjoint au maire Pierre CLARET, sur la place publique, complètent la liste non exhaustive de ces « refuges » des plus convoités. Quand les bancs de monsieur l’adjoint ne suffisaient pas, les marches étaient envahies et le brave homme enjambait les gêneurs pour aller fermer ses volets depuis la rue. Les conteurs d’histoires provoquaient parfois des éclats de rire. Là, « Pierre » sortait mécontent et le ton baissait… pour quelques minutes!  Rappelons que le petit écran faisait juste son apparition et n’inondait pas le PAF sans discontinuer de feuilletons aux épisodes  » immanquables ». Puisque nous en sommes aux conteurs, ils ne manquaient pas dans la forge contiguë où Louis MONFRAIX rassemblait en son temps les meilleurs spécimens de galéjeurs.

Si les bancs ont disparu, sauf sur la place Alex OUILLAC, la tradition des anecdotes perdure dès la  rencontre de deux Deymois, rejoints presque immédiatement par les amis de passage, aux alentours de la boîte aux lettres de « chez Josée » pour ne citer qu’un exemple (1).

Ci-dessus André FABRE, rue du Crucifix 1958.

Notre ami Henri THOMAS, venait régulièrement voir l’état de son terrain et des travaux lorsqu’il a décidé d’habiter Deyme, voici plusieurs décennies. Sa maison, située sur le versant du quartier « Les Vignes », en bordure de la rue de la Croix de Talou, offre une vue remarquable sur le vallon où coule le ruisseau Le Rival. D’un coup d’oeil on embrasse sur la crête, Pélégri et Trébons. Quoi de plus naturel pour deux Deymoises âgées, que de satisfaire à leur habitude de venir là, champ encore hier, s’installer sur un banc improvisé « de tout temps »!  C’est la surprise d’une fin de journée. « Ne changez rien, mesdames, tant que nous n’habitons pas là !  » Nous reconnaissons bien Henri dans ces propos. C’est un témoignage et un coucou pour celui qui n’hésitait pas à brancher chez lui une longue rallonge pour offrir électricité lors des fêtes sur le terrain voisin désert. Méchoui par exemple.

Une belle réalisation confirme le rôle important de ces aides sociaux sur une place du lotissement de Canto-Coucut (ci-dessous). Rue Jean MONFRAIX, un banc semi circulaire recrée l’ambiance propice à la détente et au contact nécessaire à une véritable communauté. Comme avant !

au-mileu-de-la-rue-j-monfraix-signe

Rue Jean MONFRAIX avril 2016

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(1) Madame LOUPIAC, gérante du bureau de tabac, recevait l’aide de sa fille Joséphine, dite Josée. La boîte aux lettres placée alors sur le mur ce qui était leur maison d’habitation et leur commerce, a été déplacée devant la Mairie, route de Pompertuzat en août 2021.